Ce billet traitant de l’intelligence collective, est inspiré d’un article de Cass R. Sunstein et Reid Hastie paru dans la Harvard Business Review, édition française, octobre-novembre 2015.
Aujourd’hui, presque tout le monde s’entend sur le fait que le collectif est plus intelligent que l’individu, c’est la fameuse intelligence collective.
Toutefois, cette intelligence collective ne tombe pas du ciel ! Il faut la déployer et la cultiver car elle peut aussi déraper et produire des résultats inverses. On note deux tendances :
- tout d’abord une pression de conformité également appelée pensée de groupe.
- A cela s’ajoute une interprétation sélective d’informations parfois erronée.
Cela peut avoir comme effet d’amplifier les erreurs mais également pour autre conséquence l’effet de cascade : le premier qui exprime son opinion est souvent suivi par d’autres. Ceci est encore amplifié s’il s’agit du manager.
On peut aussi observer une tendance à aller vers les extrêmes où les équipes se focalisent sur des lieux communs déjà connus de tous.
Alors, comment faire pour que l’intelligence collective fonctionne et aille dans la bonne direction ?
Sunstein et Hastie propose sept façons pour rendre les groupes ou équipe plus sages :
- D’abord il faudrait que le leader s’éclipse et laisse parler et discuter son équipe. Sa prise de position pourrait trop influencer la prise de décision. Il est également important que le leader encourage une expression ouverte et sincère. Il ne doit pas y avoir d’interdits ou de tabous.
- Encouragez l’esprit critique. Ce point va de pair avec le premier point.
- Récompensez les succès de groupe. Autrement dit, ne récompensez pas les succès individuels. Ce comportement envoie un signal fort à vos collaborateurs. Seul les succès collectifs doivent être récompensés.
- Attribuez des rôles. A chacun d’apporter sa contribution au succès du groupe.
- L’avocat du diable. Nommez une personne qui cherche à développer des arguments qui challengent la décision qui est en train d’être prise. Attention toutefois, n’oubliez pas que notre avocat du diable est une construction artificielle et c’est pour cela qu’il n’est pas toujours pris au sérieux. Au leader de s’assurer que les points nommés par l’avocat du diable soient bien traités.
- Créez des équipes adverses. Soit, les deux équipes entrent en compétition car elles représentent deux positions ou alternatives différentes. Une équipe doit gagner. Autre version : C’est un peu l’avocat du diable mais version collectif. Cette équipe doit critiquer la solution trouvée par une autre équipe.
- La méthode Delphi. Chaque individu du groupe doit apporter anonymement son avis ou son vote. Ces données sont consolidées au niveau du leader qui peut demander un 2ième tour et ainsi de suite jusqu’au moment où le groupe trouve un consensus. Le fait que ces avis soient anonymes enlève complètement la pression du groupe.
Au delà des propositions faites par Sunstein et Hastie il existe beaucoup d’autres approches visant à améliorer la prise de décision collective (la méthode Disney, la méthode des 6 chapeaux etc.)